Des jihadistes radicaux ont défié le gouvernement tunisien dirigé par le parti islamiste Ennahda en maintenant l'organisation dimanche d'un rassemblement interdit par les autorités, au moment où les forces de sécurité pourchassent des groupes islamistes liés à Al-Qaïda dans les massifs de l'ouest du pays.
"Nous ne demandons pas l'autorisation du gouvernement pour prêcher la parole de Dieu et le mettons en garde contre toute intervention de la police pour empêcher la tenue du congrès", prévu à Kairouan, une ville historique de l'islam, dans le centre du pays, a déclaré Seifeddine Raïs, porte-parole d'Ansar Ashariaa, le groupe islamiste radical qui organise la manifestation.
"Le gouvernement sera responsable de toute goutte de sang qui sera versée", a-t-il averti, affirmant que plus de 40.000 personnes étaient attendues au rassemblement annuel, le troisième depuis la révolution de 2011.
Des jeunes sans appartenance salafistes ont proposé de se joindre au rassemblement pour "dénoncer l'oppression", a dit le porte-parole, dénonçant "des pressions" pour empêcher leur déplacement.
"Ali Larayedh (le chef du gouvernement) répondra de sa politique devant le seigneur", a-t-il lancé, estimant que "le courant salafiste fait l'objet de dénigrement systématique".
Le gouvernement tunisien a décidé d'interdire le rassemblement sous prétexte que les organisateurs n'ont pas obtenu d'autorisation comme l'exige la loi, selon Rached Ghannouchi, l'influent chef d'Ennahda au pouvoir.
"Les autorités doivent appliquer la loi sans distinction, nous soutenons la fermeté du gouvernement à faire appliquer la loi pour tous", avait-il déclaré mercredi.
Le ministère tunisien de l'Intérieur a soumis récemment à autorisation préalable l'organisation de toute activité publique des partis et associations et durci le ton face à l'agitation salafiste.
Le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant en poste depuis mars dernier, a aussi menacé de poursuivre "toute personne appelant au meurtre, incitant à la haine (...) ou plantant des tentes de prêche", en allusion au dispositif utilisé par les salafistes pour prêcher et diffuser leurs idées.
Le chef d'Ansar Ashariaa, Saif Allah Bin Hussein (Abou Iyadh) un vétéran d'Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaïda, a répliqué en menaçant de faire la guerre au gouvernement et accusé Ennahda de mener une politique contraire à l'islam.
Le bras de fer entre le gouvernement et les groupuscules salafistes jusque là tolérés s'est accentué alors les autorités ont admis la présence d'Al-Qaïda sur le territoire.
Les forces de sécurité et l'armée pourchassent depuis fin avril des groupes armés retranchés sur les massifs ouest du pays, à la frontière de l'Algérie.
Seize militaires et gendarmes ont été blessés par des mines artisanales, sur le Mont Chaambi, près de Kasserine (centre-ouest) et des renforts ont été déployés jeudi dans la région du Kef (nord-ouest) pour la traque d'une dizaine de jihadistes.
Le porte-parole d'Ansar Ashariaa a nié lors de sa conférence de presse toute implication de son groupe et d'Al-Qaïda dans le maquis de Chaambi.
Les jihadistes sont responsables de nombreux coups d'éclat et de violences, selon les autorités, alors qu'Ennahda est accusé par l'opposition d'avoir fait preuve de laxisme face à cette mouvance rigoriste de l'islam sunnite.
Ce parti a pris ses distances vis-à-vis du courant jihadiste et son chef Rached Ghannouchi a dénoncé mercredi l'usage de la violence au nom de l'islam.
Soupçonné d'être l'instigateur de l'attaque contre l'ambassade américaine qui a fait quatre morts parmi des manifestants le 14 septembre à Tunis, Abou Iyadh et ses partisans ont multiplié les menaces contre les forces de sécurité qualifiées de "Taghout" (forces maléfiques au service de la tyrannie).
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