Le cyclone, qui a provoqué inondations monstres et éboulements de terrain et pris de court les secours, a fait plus de 700 morts au Mozambique, pays le plus touché, et au Zimbabwe voisin.
Mais ce bilan est amené à grimper "au fur et à mesure que nous atteignons des régions isolées", a prévenu lundi le ministre mozambicain de l'Environnement, Celso Correia, chargé de la coordination des secours.
La ville de Buzi (est), l'une des plus affectées par les intempéries, est de nouveau accessible par la route.Des camions transportant une quinzaine de tonnes de nourriture étaient en route lundi pour cette ville dévastée par les inondations, où de nombreux habitants dorment encore dans les rues ou sur les toits.
"Cela va être beaucoup plus rapide d'acheminer l'aide" après la reconstruction express de routes emportées par les eaux, s'est réjoui Saviano Abreu du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
D'ici la fin la fin de journée lundi, l'accès à l'eau devrait aussi être rétablie à Buzi, selon le ministre Correa.La rivière Buzi est rentrée dans son lit, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le grand défi pour les autorités et les secours est désormais d'éviter la propagation d'épidémies.
- Nombre élevé de diarrhées -
Car les rescapés du cyclone Idai sont confrontés à une "bombe à retardement", a mis en garde lundi le chef de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Elhadj As Sy, qui a "tiré la sonnette d'alarme".
Il y a un "risque élevé de maladies transmises par l'eau", comme le choléra, le typhus et le paludisme, ce dernier étant endémique dans la région, compte tenu des eaux stagnantes, du manque d'hygiène, des corps en décomposition et de la promiscuité dans les centres d'hébergement, a-t-il expliqué.
Le gouvernement mozambicain a déjà identifié quelques cas suspects de choléra, mais ils n'ont pas encore été confirmés, a précisé M. Sy, prévenant qu'une épidémie de choléra à grande échelle à la suite de ce type de catastrophe ne serait pas surprenant.
Dimanche, Maputo l'avait jugé "inévitable".
"Un important nombre" de cas de diarrhées a également été enregistré, selon les autorités mozambicaines.
Les diarrhées sont "tueuses", a prévenu Sebastian Rhodes-Stampa d'Ocha.
"Ce n'est pas comme quand on est à la maison et qu'on a accès à de l'eau au robinet.Si vous êtes en pleine nature, c'est un vrai problème", a-t-il expliqué.
A Beira, à l'école secondaire Samora Machel, où s'entassent un millier de sinistrés, des employés de la Croix-Rouge distribuaient lundi des prospectus expliquant comme prévenir le choléra: lavage des bains, enfouissement des matières fécales...
- Enfants traumatisés -
La décrue se poursuivait lundi.Mais les inondations ont déjà détruit environ un demi-million d'hectares de récoltes, selon Ocha, laissant craindre des pénuries alimentaires dans les mois qui viennent.
"Un homme possédait 40 vaches et il les a toutes perdues.40 ! Vous imaginez", a témoigné un habitant de Buzi, Joao Zacaria.
Les humanitaires tentaient aussi de réunir les familles séparées par les intempéries.
Chaque jour, ils reçoivent "des appels de parents désespérés à la recherche de leurs enfants", a expliqué l'organisation Save the Children.
Des enfants sont aussi "traumatisés après avoir apparemment vu leurs parents emportés par les eaux ou après avoir perdu des frères et soeurs", a ajouté Ocha.
Profitant de la décrue et de la réouverture des banques, l'activité commerciale reprenait à Beira.
Des habitants faisaient la queue devant des boulangeries.D'autres s'attelaient à réparer leurs habitations éventrées, alors que l'électricité n'était rétablie que dans quelques quartiers.
A l'extérieur de la ville, dans des zones inondées, des enfants attrapaient avec des cannes à pêche de fortune, des poissons, tandis que des adultes cherchaient dans l'eau des biens encore engloutis.
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