L'ANC, au pouvoir depuis la fin du régime de l'apartheid en 1994, a réalisé le 8 mai le plus mauvais score de son histoire à des élections nationales (57,5%) mais a conservé une majorité absolue de 230 des 400 sièges de l'Assemblée nationale.
La réélection par les députés de Cyril Ramaphosa - au pouvoir depuis 2018 après la démission de son prédécesseur Jacob Zuma, soupçonné de corruption - était donc une pure formalité.
Elle n'a même pas donné lieu à un vote des députés, l'opposition n'ayant présenté aucun candidat.
"Je déclare Cyril Ramaphosa dûment élu président de la République d'Afrique du Sud", a annoncé le président de la Cour constitutionnelle Mogoeng Mogoeng, sous un tonnerre d'applaudissements.
"Ma priorité va être de mettre en avant les intérêts de nos citoyens", a assuré le chef de l'Etat.
"Nous avons reçu la charge de relancer notre économie, de reconstruire nos institutions et de restaurer l'espoir", a-t-il ajouté devant les députés, en promettant de travailler pour ceux "accablés par le chômage, les inégalités et la pauvreté".
Le nouveau gouvernement, qui doit être annoncé dans les prochains jours, "sera synonyme de changement et vous allez voir le changement", a-t-il affirmé.
- Corruption -
"Cette élection se produit à un moment où 10 millions de nos citoyens sont sans emploi, à un moment où nos citoyens ne se sentent pas en sécurité", lui a rappelé Mmusi Maimane, chef du principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA).
"Je vous souhaite le succès", a-t-il assuré, avant de demander que "ceux qui ont pillé le pays voient la prison".
"Nous espérons que vous serez le président d'un gouvernement irréprochable sur la corruption", a aussi lancé Julius Malema, le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF).
Très formelle, la session inaugurale de l'Assemblée nationale a débuté mercredi par un coup de théâtre.
Plusieurs personnalités du gouvernement et de l'ANC n'ont pas prêté serment comme députés.
Le vice-président du pays, David Mabuza, a demandé à reporter sa prestation de serment "à la suite d'un rapport de la commission d'éthique de l'ANC qui le soupçonne d'avoir porté préjudice à l'intégrité" du parti, a expliqué la formation.
La décision de David Mabuza a immédiatement soulevé des spéculations sur son maintien ou non au poste de vice-président d'Afrique du Sud.
"Le fait qu'il (David Mabuza) soit vice-président de l'ANC ne garantit pas qu'il ait la position de vice-président de la République", a estimé Zizi Kodwa, un porte-parole de l'ANC.
L'actuelle ministre de l'Environnement Nomvula Mokonyane et l'ex-ministre des Finances Malusi Gigaba, proches de l'ancien président Zuma, ont eux renoncé à leur siège.
- 'Revirement spectaculaire' -
"C'est un revirement spectaculaire", a réagi le chef du groupe parlementaire de la DA, John Steenhuisen."C'est le signe clair que quelque chose se trame au sein de l'ANC".
Cyril Ramaphosa a pris la tête de l'ANC fin 2017, après l'avoir emporté d'une très courte tête devant la candidate soutenue par la faction Zuma. Il cherche depuis à consolider son autorité sur l'ensemble du parti, où les partisans de son prédécesseur disposent encore d'une forte capacité de nuisance.
En campagne, Cyril Ramaphosa avait réaffirmé sa détermination "à ce que les personnes reconnues coupables de corruption (...) ne soient pas autorisées à occuper des postes de responsabilités au sein de l'ANC, au parlement ou dans le gouvernement".
Des soupçons de corruption pèsent sur David Mabuza et Nomvula Mokonyane.
"Mokonyane et Gigaba hors du parlement et Mabuza qui n'a pas encore prêté serment", a résumé l'analyste Daniel Silke dans un tweet.
"Un remaniement significatif de Ramaphosa est en route, non seulement pour restaurer de la crédibilité mais aussi pour asseoir son autorité", a-t-il estimé.
"Ramaphosa n'a jamais été aussi puissant et il ne sera jamais aussi puissant", a souligné pour sa part son confrère Richard Calland."Il ne peut pas écarter toute la faction Zuma, mais il peut leur retirer des positions-clé afin de pouvoir gouverner de manière décisive", a-t-il ajouté à l'AFP.
Après sa réélection mercredi, Cyril Ramaphosa prêtera officiellement serment samedi lors d'une cérémonie organisée dans un stade de la capitale Pretoria.
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