"Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) s'indigne du mauvais procès fait au président Bédié", a déclaré lors d'une conférence de presse convoquée en urgence le secrétaire exécutif chargé de la communication du parti, Jean-Louis Billon."Le gouvernement a choisi délibérément des morceaux des propos du président du PDCI sortis de leur contexte pour en faire une exploitation tendancieuse", a-t-il affirmé, dénonçant "le laxisme des autorités" face aux problèmes évoqués par M. Bédié, les conflits intercommunautaires récurrents, l'orpaillage clandestin, et des nombreux cas de fraude, selon lui, sur l'identité ivoirienne.Samedi, le gouvernement ivoirien a condamné dans un communiqué des "propos d'une extrême gravité, appelant à la haine de l'étranger", tenus par l'ex-président trois jours plus tôt, rappelant les récentes et meurtrières violences intercommunautaires dans le centre du pays."Actuellement, on fait en sorte que l'Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n'accepteront jamais cela", a déclaré l'ex-président (1993-1999) octogénaire devant des délégués de son parti qu'il recevait dans sa résidence de Daoukro (centre), selon une vidéo diffusée sur le site internet du PDCI.Dans cette intervention filmée, M. Bédié incrimine "des étrangers armés" présents en Côte d'Ivoire. "Le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d'Ivoire sous le couvert d'orpaillage", déclare-t-il.M. Bédié évoque aussi "d'autres (étrangers) qu'on fait venir clandestinement" et à qui "on fait faire des papiers", possiblement pour "fausser les élections de 2020" (le prochain scrutin présidentiel)."Ces propos, d'une extrême gravité, appelant à la haine de l'étranger, sont de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l'unité nationale et la stabilité du pays", a fustigé le gouvernement, par la voix de son porte-parole, le ministre de la Communication, Sidi Touré.Pour Jean-Louis Billon cependant, M. Bédié "n'a fait que porter à l'attention de l'opinion (...) des faits troublants et récurrents, vécus par les populations ivoiriennes".En Côte d'Ivoire, pays dont une partie importante des 25 millions d'habitants est issue de l'immigration, la question de la nationalité est extrêmement sensible depuis une vingtaine d'années, notamment lorsque le concept d'"ivoirité" était apparu.Allié jusqu'à l'an dernier du parti au pouvoir du président Alassane Ouattara, le PDCI est depuis entré en lutte ouverte avec lui, dans la perspective de l'élection présidentielle d'octobre 2020 qui s'annonce déjà tendue.
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