M. Rotich et 15 hauts responsables administratifs ont comparu dans la matinée devant un tribunal de Nairobi, pour répondre de plus d'une dizaine de crimes financiers. Ils sont notamment accusés de fraude, d'abus de pouvoir et d'avoir accepté des pots-de-vin. Tous ont plaidé non coupable. Le ministre des Finances, en poste depuis 2013, s'était présenté de lui-même à la police lundi, peu après que le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji, eut demandé son arrestation et son inculpation, ainsi que celles de 27 hauts responsables administratifs mêlés à ce scandale.Les deux barrages devaient être construits dans l'ouest du Kenya afin d'améliorer l'approvisionnement en eau dans un pays souvent frappé par la sécheresse et de fournir de l'électricité.Selon M. Haji, la conception du projet, l'obtention du marché et le processus de paiement étaient "criblés d'irrégularités".Il a affirmé que l'attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna avait contourné toutes les procédures en place, sans tenir compte des difficultés de l'entreprise qui faisait l'objet d'une liquidation judiciaire et n'avait pas achevé trois autres barrages coûteux.Trois cadres de CMC di Ravenna figurent parmi les personnes à inculper. Le chef de la section criminelle de la police kényane, George Kinoti, a indiqué qu'il réclamerait des mandats d'arrêt internationaux contre les accusés italiens.Le contrat prévoyait que le coût total du projet serait de 450 millions de dollars (401 millions d'euros), mais le ministère des Finances avait augmenté ce montant de 164 millions de dollars sans justification adéquate.Quelque 180 millions de dollars avaient déjà été versés, sans que la construction des deux barrages ait commencé.Six millions de dollars avaient aussi été affectés à la relocalisation des riverains touchés par le projet. Mais aucune preuve n'a été trouvée que des terrains ont effectivement été achetés. Le Kenya a été touché par plusieurs autres scandales de corruption ces dernières années. En 2017, le pays était classé 143e sur 180 dans l'index sur la perception de la corruption établi par Transparency International.En mars 2018, un rapport de l'auditeur général portant sur l'année financière 2015-2016 avait révélé que le gouvernement n'était pas en mesure d'expliquer où étaient passés quelque 400 millions de dollars d'argent public.Des dizaines de hauts responsables ont été inculpés depuis 2018, le président Uhuru Kenyatta ayant promis de combattre la corruption. Mais, échaudés par les promesses passées, beaucoup de Kényans continuent à douter de ses intentions.
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