La Guinée-Bissau élit un président pour sortir de l'instabilité

Infos. Les Bissau-guinéens votaient dimanche dans le calme pour élire leur nouveau président, avec l'espoir de tourner la page de plusieurs années d'instabilité due à une classe politique réputée corrompue et incapable de résoudre les problèmes d'un pays parmi les plus pauvres au monde.

La Guinée-Bissau élit un président pour sortir de l'instabilité

Le président sortant, José Mario Vaz, qui brigue un second mandat, a lancé "un appel à tous les Bissau-guinéens pour qu'ils sortent exercer leur droit de vote", après avoir voté près de la présidence en fin de matinée.

"Je respecterai la volonté du peuple", a ajouté M. Vaz.Il s'est félicité d'être le premier président depuis 25 ans à avoir terminé son mandat sans être tué ou renversé par l'armée."Mais nous n'avons pas réussi à changer le destin de ce pays", a-t-il reconnu.

Son grand rival, le chef du parti majoritaire et ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, que M. Vaz avait limogé en 2015, a qualifié le scrutin d'important "parce que nous sommes en train de décider de notre avenir", après avoir voté à Luanda, dans la banlieue de Bissau.

"Je respecterai le résultat.S'il y a un deuxième tour, je le respecterai", a ajouté M. Pereira, chef de l'historique Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) qui a mené à l'indépendance cette ex-colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest au climat tropical.

Les bureaux de vote, qui ont ouvert pratiquement à l'heure, en présence d'observateurs nationaux et internationaux, doivent accueillir les électeurs jusqu'à 17H00 (GMT et locales).Les premières tendances sont attendues en début de semaine.  La date du 29 décembre a été retenue pour un second tour hautement probable.

Si la campagne s'est déroulée pratiquement sans heurts, une certaine crainte de lendemains difficiles habite les près de 700.000 électeurs appelés aux urnes pour départager les 12 candidats --tous des hommes.

"J'espère qu'il n'y aura pas de problème après le vote.Depuis l'indépendance, la Guinée est dans les problèmes", expliquait à l'ouverture des bureaux Justin Malang, un chauffeur de 47 ans, alors que près de 70% de des quelque 1,8 million de Bissau-guinéens vivent avec moins de 2 dollars par jour.

- Favoris issus du système -

La Guinée-Bissau, abonnée aux coups d'Etat depuis son indépendance en 1974, a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président Vaz et le PAIGC.

M. Vaz, élu en 2014 sous l'étiquette du PAIGC avant d'en être exclu, avait provoqué l'étincelle en limogeant en août 2015 son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef de cette même formation. 

Sous sa présidence, les chefs de gouvernement se sont succédé, sous le regard inquiet des pays d'Afrique de l'Ouest, qui ont multiplié les efforts de médiation.

Dans le même temps, des grèves d'enseignants réclamant le paiement d'important arriérés de salaires paralysaient pendant des mois l'éducation en déshérence.

Deux semaines avant la présidentielle, la communauté internationale s'inquiétait encore d'une remise en question de l'élection et même de "risques de guerre civile", mais la campagne s'est déroulée dans une ambiance festive.

Les favoris de l'élection sont issus du système et ont été des acteurs des crises des dernières années, à commencer par le président Vaz, et son grand rival, M. Pereira.Il y a aussi Umaro Sissoco Embalo, à la tête d'une dissidence du PAIGC, ou encore Nuno Nabiam, battu au second tour en 2014. 

- L'armée va-t-elle rester dans ses casernes?-

Chassé par les militaires entre les deux tours alors qu'il était favori de l'élection de 2012, l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior tente à nouveau sa chance.

Après des années d'accusations de corruption et de trafic de drogue, le nouveau président pourrait être tenté d'amener avec lui "haine, rancoeurs et règlements de comptes", a confié un analyste à l'AFP, en estimant que "beaucoup d'hommes politiques vont devoir s'exiler" pour échapper à des poursuites judiciaires. 

La présence de militaires en armes devant les grilles de la présidence et de véhicules de l'Ecomib, la force de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) déployée dans le pays depuis le coup d'Etat de 2012, rappelle que l'histoire de la Guinée-Bissau est jalonnée de putschs et d'assassinats politiques.

Mais l'armée n'est pas intervenue au cours des cinq dernières années et son chef, le général Biaguê Na Ntam, a assuré qu'elle ne pensait "plus à fomenter des coups d'Etat".

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
La Guinée-Bissau élit un président pour sortir de l'instabilité