La guerre civile au Soudan continue de s’enliser. Le pays s’enfonce dans “la plus grave crise humanitaire au monde”, selon les Nations Unies, et l’utilisation des drones pourrait alimenter cette situation. Les civils sont exposés aux bombardements, aux exactions et, par endroits, à la famine.
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Dimanche 18 mai, un bombardement a tué au moins 14 personnes dans le camp de déplacés d’Abou Chouk. Une attaque imputée aux Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit "Hemeti". Ce camp, situé en périphérie d’El-Facher, capitale du Darfour-Nord assiégée par les FSR depuis mai 2024, abrite des dizaines de milliers de personnes ayant fui les combats et les bombardements.
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Plus tôt dans la semaine, des frappes de drones ont visé Khartoum, la capitale. Trois centrales électriques ont été touchées, perturbant le fonctionnement de deux hôpitaux majeurs de l'agglomération, à Omdurman, a indiqué dimanche 18 mai Médecins Sans Frontières.
RDC
— ONU humanitaire (@UNOCHA_fr) May 19, 2025
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La situation des civils dans les conflits armés se dégrade partout dans le monde.
Mais les guerres ont des règles. Et la protection des civils n'est PAS une option. C'est une obligation morale et juridique.#PasUneCible #PoCWeek2025 pic.twitter.com/LjfWoGX62f
Les Forces de soutien rapide ont récemment perdu du terrain. Khartoum, a été reprise mercredi 26 mars par les forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et leurs alliés.
En réaction, le groupe paramilitaire essaie de discréditer l’armée, de la couper de ses approvisionnements afin de démontrer sa force et sa légitimité, selon les experts.
Tuer à distance
Cela se traduit notamment par des attaques contre Port-Soudan, ville qui abrite le siège provisoire du gouvernement et épicentre de l'aide humanitaire, longtemps épargnée par les combats. Depuis dimanche 11 mai, des assauts de drones se produisent fréquemment. Selon l'armée, ces engins seraient de fabrication émiratie.
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"Le groupe que combat l'armée parvient désormais à projeter la guerre au cœur du pays sans y être physiquement présent", observe l'analyste soudanaise Kholood Khair, directrice du think tank Confluence Advisory, basé à Khartoum. L'objectif est de "couper les approvisionnements de l'armée", dit-elle. Jusqu'à présent, les paramilitaires s'appuyaient davantage sur des offensives terrestres.
Environ 75 % des établissements de santé au Soudan ont fermé depuis le début de la guerre.
— ONU Développement (@pnudfr) May 19, 2025
Avec @GlobalFund et nos partenaires, nous déployons des cliniques mobiles pour suivre les communautés déplacées, fournir des soins et sauver des millions de vies. https://t.co/UNvCHsx0CI pic.twitter.com/85CQK6Ffdy
Selon Michael Jones, chercheur britannique au Royal United Services Institute (RUSI), cette évolution traduit autant une "adaptation stratégique" qu'un geste de "désespoir". Et "frapper des zones perçues comme sûres, voire comme le cœur du pouvoir militaire, affaiblit la capacité de l'armée à se projeter politiquement comme un pôle de stabilité et de réconfort auprès des Soudanais", décrypte-t-il.
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Pour Hamed Khalafallah, chercheur soudanais du Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP), ces attaques de drones sont "un message que la guerre continue". Il juge "peu probable" que les paramilitaires reprennent Khartoum ou atteignent Port-Soudan par voie terrestre, mais "les drones servent à créer un climat d'insécurité dans des villes comme Port-Soudan", dit-il.
L'armée et les drones
L’armée, quant à elle, utilise depuis le début de l’offensive ses armes téléguidées. Les SAF ont donné la priorité à la réduction des dépenses en effectifs, considérant leurs troupes comme un atout essentiel. Elles ont privilégié un recours à la violence à distance, comme les frappes aériennes et les drones, d’après le rapport de l’ACLED (Armed Conflict Location & Event Data), publié jeudi 15 avril, afin de comprendre “comment les forces armées soudanaises prennent le dessus”.
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Les effectifs limités des FAS constituaient un sérieux défi, car les FSR représentaient une part importante de leurs forces d'infanterie avant le début de la guerre. Pour recruter davantage, les FAS ont offert une amnistie aux transfuges des FSR dans l’armée. En janvier 2024, un appel à une mobilisation générale a été lancé par le chef des SAF, Abdel Fattah al-Burhan. Des milliers de volontaires, aux côtés de chefs traditionnels et de membres des administrations autochtones, ont répondu à l'appel.
Origines et modèles
Les drones utilisés par les FSR sont de deux types : un modèle artisanal léger, transportant une charge de mortier de 120 mm qui se dirige vers sa cible et explose et un autre à longue portée, le CH-95 chinois, capable de livrer des missiles guidés.
Selon Amnesty International, ces armes chinoises ont été fournies aux FSR par les Émirats arabes unis, pays avec lequel le gouvernement soudanais a rompu ses relations diplomatiques mardi. Pointé par plusieurs rapports, Abou Dhabi a toujours démenti toute ingérence au Soudan.
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