La présidente de la Tanzanie Samia Suluhu Hassan a défendu mardi 2 décembre un usage "proportionné" de la force lors des manifestations qui ont éclaté fin octobre et début novembre après les élections contestées du 29 octobre. Selon l’opposition et plusieurs ONG, plus de 1 000 manifestants antigouvernementaux auraient été tués par les forces de sécurité dans les jours qui ont suivi le scrutin, marqué par des accusations de fraude massive.
Un pouvoir qui évoque une tentative de renversement
S’exprimant à Dar es Salaam, la capitale économique, la cheffe de l’État a affirmé que les rassemblements constituaient une menace directe contre les institutions. "La force employée était proportionnée à la situation", a-t-elle déclaré. "Devions-nous rester les bras croisés face à cette foule de manifestants prêts à renverser le gouvernement ?" Les autorités n’ont toujours pas donné de bilan officiel, tandis que plusieurs organisations les accusent d’avoir fait disparaître des corps, parfois dans des fosses communes, après avoir brièvement coupé l’accès à internet.
Tensions avec l’Union européenne et opposition muselée
Samia Suluhu Hassan a également décoché des critiques contre les députés européens, qui ont appelé le 27 novembre à suspendre l’aide européenne à la Tanzanie et à envisager des sanctions individuelles. "Ils se prennent toujours pour nos maîtres, pour nos colonisateurs", a-t-elle lancé, estimant que "l’argent lui-même n’était pas là pour le moment" en raison de la baisse générale de l’aide internationale.
Réélue avec près de 98% des voix, elle a assuré que ses principaux adversaires n’avaient pas été empêchés de concourir, affirmant qu’ils avaient "refusé de se présenter car ils savaient déjà qu’ils n’auraient aucune chance". Le principal parti d’opposition, Chadema, suspendu après avoir rejeté un nouveau code électoral, dénonce un processus verrouillé. Son chef, Tundu Lissu, a été arrêté et inculpé de trahison, un crime passible de la peine de mort.
Alors que le gouvernement a demandé aux diplomates étrangers de ne plus commenter les violences et annulé les célébrations prévues pour la fête nationale du 9 décembre, de nouvelles manifestations sont annoncées pour dénoncer la répression.
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