Un engin non identifié a explosé samedi après-midi juste après un discours prononcé par le chef de l'Etat et candidat à la présidentielle - sorti indemne - devant des milliers de ses partisans réunis dans un stade de la grande ville du sud Bulawayo, un fief de l'opposition.
Au moins 49 personnes ont été blessées, certaines grièvement, selon un nouveau bilan donné dimanche par la police.
L'attaque, qui n'a fait l'objet d'aucune revendication, a plongé le pays dans l'incertitude, en pleine campagne pour les scrutins présidentiel et législatifs du 30 juillet.
Lui-même légèrement atteint par l'explosion, l'un des deux vice-présidents du pays, Constantino Chiwenga, a affirmé dimanche que le calendrier électoral serait maintenu.
"Que les choses soient très claires, rien m'empêchera la tenue des élections au Zimbabwe, rien du tout", a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé devant plusieurs centaines de partisans à Chitungwiza, dans la grande banlieue de la capitale Harare.
"Cet acte de terrorisme (...) n'est rien.Il ne dissuadera personne", a assuré l'ancien chef d'état-major de l'armée zimbabwéenne, en promettant que ses auteurs seraient "traqués" par la police et déférés devant la justice.
Quelques heures après l'attentat, le président Mnangagwa a accusé, sans les nommer, ses "ennemis mortels" d'avoir voulu l'éliminer."Il y a déjà eu de nombreuses tentatives", a-t-il déclaré à la télévision."J'ai l'habitude (...) mais je continue".
- 'Crise interne' -
Agé de 75 ans, Emmerson Mnangagwa a pris les rênes du Zimbabwe après la démission forcée en novembre de Robert Mugabe.
Au terme d'un règne sans partage de trente-sept ans, le "camarade Bob" a été lâché par l'armée et la Zanu-PF après avoir démis M. Mnangagwa de ses fonctions de vice-président, sur l'insistance de son ambitieuse épouse Grace Mugabe.
M. Chiwenga fut le principal artisan du coup de force qui a poussé vers la sortie le nonagénaire Mugabe.
Au lendemain de l'attentat de Bulawayo, les experts privilégiaient la piste d'un règlement de comptes interne au parti au pouvoir.
"Cela ressemble beaucoup à une crise interne à la Zanu-PF", a déclaré à l'AFP Gideon Chitanga, du centre de réflexion Political Economy Southern Africa, "la bataille politique pour le contrôle du parti s'annonce longue et difficile".
D'autres rappellent aussi les vieilles ranc-urs, jamais éteintes, nées de la terrible répression ordonnée au début des années 1980 par Robert Mugabe contre son frère d'armes devenu rival, Joshua Nkomo.
Ces massacres, pilotés par son ministre de la Sécurité Emmerson Mnangagwa, ont causé la mort d'environ 20.000 civils, pour la plupart de l'ethnie ndebele du sud du pays.
Samedi soir, le chef de l'Etat a appelé la population au calme et promis que l'attentat n'entraverait pas sa détermination à réformer le pays, sorti économiquement exsangue du règne sans partage de Robert Mugabe.
- 'Escalade' -
"Nous nous sommes rassemblés en novembre autour d'un rêve, celui d'un Zimbabwe libre, démocratique et prospère", a rappelé M. Mnangagwa."Certains se sentent menacés par notre politique (...) je vous assure qu'ils ne prévaudront pas".
Son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa lui a apporté son entier soutien."Nous ne laisserons pas le Zimbabwe échouer à cause de ces bombes", a-t-il déclaré dimanche, dénonçant un acte "barbare et lâche".
Depuis des mois, le président Mnangagwa a promis avec insistance que les élections générales du 30 avril seraient libres, transparentes et honnêtes.
Mais l'attentat de samedi a ravivé dans la population et dans l'opposition le souvenir des violences et des tricheries électorales qui ont entaché l'ère Mugabe."Ce qi s'est passé fait vraiment mal", a estimé un habitant de Harare, Philip Muranganwa, "ça montre qu'il n'y a pas du tout de sécurité".
Le vice-président Chiwenga a promis dimanche que le gouvernement renforcerait la sécurité des candidats qui "ont peur et se sentent menacés" aux scrutins du 30 juillet.
Malgré ses assurances, certains redoutent désormais que l'attentat de samedi ne soit le prétexte à une répression contre l'opposition, au nom de la sécurité et de l'ordre.
"Mnangagwa a appelé à la paix et à l'unité plutôt qu'à la revanche", a noté pour l'AFP Knox Chitiyo, du centre de réflexion britannique Chatham House."Mais de nombreux Zimbabwéens s'inquiètent d'une escalade de la violence".
Sauf énorme surprise, M. Mnangagwa est assuré de remporter la présidentielle face à son principal rival Nelson Chamisa, dont le parti est tiraillé par les divisions depuis le décès de son chef historique Morgan Tsvangirai en février.
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